Air, Eau, Terre et Feu.

27 Mai 2011

Quand le monde fut créé les quatre éléments se disputèrent le droit de régner sur celui-ci et de le peupler à leurs façons respectives. Après avoir discuté pendant quelques siècles, le temps que la terre prenne sa place entre les étoiles ils décidèrent de tester chacun leurs créations en compétition amicale, et celui qui créerait les plus belles et fortes créatures gagneraient le droit de régner sur ce monde.

Il y avait Air, Eau, Terre et Feu.

Terre prit le premier tour ; il créa des êtres fouissant la terre, taupes, lapins, vers et ceux vivant dans les grottes, et ses enfants étaient les Trolls et les Nains. Pendant 4 fois vingt ans ses créatures de développèrent et peuplèrent le monde, maniant griffes et ongles, découvrant joyaux et minéraux. Puis Terre endormit ses enfants et Air créa à son tour la Vie.

Air fit venir à la vie les papillons, les oiseaux, et les êtres des airs, et ses enfants étaient les Fées et les Elfes. Durant 4 fois 20 ans le monde connut les chatoyantes couleurs des créatures des airs. Puis Air endormit ses enfants et Eau créa à son tour la Vie.

Eau enfanta les poissons, les coraux et autres entités aquatiques, et ses enfants étaient les Ondines et les Siréniens. Pendant quatre fois 20 ans le monde connut une paix et une sérénité que plus jamais il ne connaîtra. Puis Eau endormit ses enfants et Feu créa à son tour la Vie.

Feu donna naissance à tous les êtres qui vivent sur le sol, rampant ou marchant et tous ceux qui vivent sous le soleil et ses enfants étaient les Hommes. Pendant quatre fois vingt ans le monde bruissa d’activité. Puis Feu endormit ses enfants et les éléments se réunirent à nouveau.

Ils discutèrent encore et encore. Mais chacun défendait ses créatures et personne ne pouvait les départager. Terre disait que ses enfants étaient forts et silencieux. Air soutenait que les Elfes et les Fées paraient le monde de leur beauté. Eau affirmait que les siens étaient gracieux et chantaient comme chantent les étoiles. Feu vantait l’intelligence et la volonté des derniers nés.

Le temps passait et aucune décision ne voyait le jour. Alors ils décidèrent de réveiller toutes leurs descendances et de les laisser cohabiter, espérant que la paix et l’harmonie règneraient entre eux tous.

Pendant les premières vingt années tout se passa pour le mieux. Certains enfants des Airs épousèrent des enfants des Eaux et du Feu, ceux de la terre restaient à l’écart, vivant secrètement. Et tous les animaux compagnons des enfants vivaient les uns aux côtés des autres.

Mais le temps passa et les jalousies se développèrent au cours des vingt années suivantes. Ceux du feu enviaient les ailes des enfants de l’Air, ceux-ci aimaient les dauphins compagnons des enfants des Eaux et leurs chants pleins de rêves. Les Enfants de l’Eau désiraient les pierres bleues que les Enfants de la terre arrachaient des entrailles de celle-ci. Les Enfants de la terre désiraient les inventions des enfants du Feu. Et les enfants du Feu enviaient le vol des fées et le monde fantastique de l’eau et les richesses des nains.

Et la colère naquit, de là vinrent les bagarres et les guerres qui ensanglantèrent les deux fois vingt années d’après.

Alors les éléments se réunirent pour la troisième et dernière fois et convoquèrent les Rois des quatre peuples afin que ceux-ci se mesurent les uns aux autres, le vainqueur aurait seul le droit de régner sur le monde. Il ne s’agissait pas de se battre les uns contre les autres Mère Terre ne supportait plus ces querelles. Non, chaque Roi devait prouver qu’il était bien le Fils de son élément Créateur, et aux autres Créateurs et qu’il représentait une force digne de s’établir en souverain sur ce monde.

Le Premier à se présenter fut la Première Née. Venue du fond des ses galeries, effrayée de se trouver à l’air libre devant les Forces Originelles, elle ne sut que faire sinon chanter les louanges de sa vie et de son peuple. Pour finir elle présenta une gemme couleur de feu, polie et repolie pendant des années contre d’autres gemmes afin de ressembler à un soleil levant.

Le suivant fut le Deuxième Né. Fils des Airs, il n’aimait guère rester immobile et la présence de son créateur lui donnait envie de courir le monde en chantant. Alors il s’envola et dansa un ballet aérien si beau que même Terre s’inclina, disant « ton Enfant est digne de Toi, je lui accorde la supériorité sur les miens ».

Puis vint la Troisième née. Enfant de l’Eau, la Sirène se tint, d’abord silencieuse devant les Puissances. Puis, recueillie,elle chanta ce chant mystérieux que chantent aujourd’hui les baleines. S’émouvant elle-même, elle versa quelques larmes. Et les Créateurs voyant couler cette eau sur son visage s’écrièrent « Voyez, elle crée l’eau dont elle est issue, c’est un miracle digne de nous. Celle-ci mérite de régner »

Enfin arriva le Dernier Né. Arrogant et sûr de lui il regardait ces Etres qui le voulaient juger. Sans un mot, il s’assit à même le sol sortant d’un petit sac suspendu à sa taille deux éclats de roches et un peu de mousse sèche, il rassembla des brindilles autour de lui et sous les yeux dédaigneux des Uns et déçus de l’Autre battit les cailloux l’un contre l’autre. Lorsque la première étincelle jaillit les Eléments s’approchèrent intéressés. Lorsque la seconde se jeta sur la mousse qui commença à fumer, Ils se regardèrent abasourdis. Et lorsque le feu dansa joyeusement sur les brindilles, retenu dans un cercle de pierre, Ils reculèrent et immobiles comme pétrifiés, dirent en cœur : « Voilà le Nouveau Roi, à quoi servons-nous encore ici puisque Celui-ci crée des éléments à notre image en quelques brefs instants ? »

Et ils partirent vers un autre Ailleurs, jouer à créer d’autres Mondes.

Qui peut dire ce que serait notre Terre si Feu n’avait pas gagné ?

De ce lointain passé il nous reste quelques souvenirs, animaux hybrides du temps où tous vivaient en harmonie et s’unissaient sans se soucier des différences d’origines : les chauve souris, animaux des grottes et des airs, les ornithorynques ni aquatiques ni terrestres, les dauphins qui respirent l’air et vivent sous les flots et tant d’autres dont nous ne savons plus écouter le langage. Longtemps des contes et légendes nous ont parlé de ces temps jadis où lutins trolls, farfadets et lutins, Fées, Elfes et Djinns, Sirènes et Ondines foulaient le monde à nos côtés.

Mais il ne reste plus que nous.